jeudi 25 décembre 2008

Récit de randonnée de Noël

Un récit authentique qui rappelle Noël
Photos dans la prochaine livraison...

Dans ce récit authentique, les coïncidences sont étonnantes. Gabriel, l'archange par qui arrive les bonnes nouvelles, prendra pour moi la forme de celui qui m’a donné l'envie de me lancer dans cette randonnée à l’Office de tourisme. Les bergers me sont apparus sous la forme de M. Georges Zibel et surtout des trois Créoles blanc mis sur ma route par la providence. Ils m’ont permis de retrouver mon chemin, comme les bergers de l’histoire. Mon étable de Nazareth est le refuge où j’ai dû m’arrêter le soir après avoir longuement marché, à l’instar de cette marche vieille de 2000 ans. Faute d’un bœuf et d’un âne pour me réchauffer, car il fait froid en altitude, n’ayant presque rien avec moi, j’ai pu néanmoins, coup providentiel de l'archange, allumer un feu et le nourrir toute la nuit. Les rois mages guidés par leur intelligence du ciel tapissé d’étoiles, tableau dont je ne comprenais pas le sens, m’apparurent dans les ombres chinoises. Et Marie ? Marie est quelque part dans mes rêves. Quant au petit Jésus, dans la nuit du 23 au 24 décembre il était encore trop tôt, le petit Jésus n’était pas encore né.

L’Office de Tourisme

Dès le lendemain de mon arrivée je m’étais rendu à l’Office de tourisme pour un aperçu des activités qu’on propose aux visiteurs. Des préposés vous renseignent avec compétence et aimablement. S’y trouve aussi une bibliothèque bien garnie en livres et produits de l’art et de l’artisanat réunionais. J’y avais acheté tout de suite cette randonnée au lieu dit de la Roche écrite. Coté pratique à ne pas négliger, je pouvais me rendre à quelque distance du départ avec les bus de la ville. Le prix de 15 € couvrait le gîte de montagne à la Plaine des Chicots, mais pas le repas du soir ni le petit déjeuner pour lesquels il fallait réserver à part en appelant au gîte et payer le supplément demandé. Ce que je fis, n’ayant nullement l’intention d’apporter mon lunch.

Comme l’arrivée au gîte devait se faire après quinze heures, je pris le temps nécessaire pour régler quelques affaires en matinée et, vers treize heures, je me rendis au Petit marché, carrément dans le centre coloré de Saint-Denis, pour prendre le bus.

Le trajet en bus

Il en coûte 1,30 € pour un billet au gros prix acheté au chauffeur. Ce billet donne droit à toutes les correspondances, ce qui fait qu’il est possible de se déplacer assez loin pour cette somme. Pour mon cas, je devais prendre le 12, puis le 12a. Le premier, un autobus conventionnel; le second, un minibus de cinq passagers, détail qu’il me fallut d’ailleurs un peu de temps à réaliser, cherchant ailleurs et plus gros je l’ai presque manqué… Il n'était pas identifié.

La Diagonale des Fous

C’est à bord de ce minibus, deuxième partie du trajet sur une route où les virages en épingle sont négociés tous les cent mètres, que j’ai fait la connaissance de Georges Zibel. Créole réunionais d’abord discret et courtois mais qui, d’une chose à l’autre, finit par me raconter ses exploits de randonneur. Imaginez-vous que j’avais à mes cotés un marcheur ayant treize fois complété le Grand Raid de la Réunion, appelé aussi la Diagonale des Fous. La réussite du Raid impose la traversée de l’île à pied, soit 150 km en marchant ou en courant (pour ceux qui le peuvent), car il y plus de 9000 mètres d’ascension cumulative à se taper dans des pistes difficiles. Outre la chaleur tropicale, il faut braver le froid, la pluie, le temps sec, tous les micro-climats sont au rendez-vous. Pour les intéressés, la 17ème édition de ce défi sportif se tiendra en octobre 2009. Plus de détails à

http://www.grand-raid-reunion.com/


Georges Zibel a fait preuve de courage en randonnée

Le départ à 14h50

M. Zibel me donne les indications pour me rendre au départ de ma randonnée. Je savais que j’avais un certain parcours à faire, je n’avais pas, par contre, d’informations très précises sur le type de piste ou de départ que je devais prendre. Mon sac à l’épaule, je vérifie avec la dame que je croise à la bifurcation même où le chemin sur lequel je marche rencontre le chemin bétonné à gauche que M. Zibel m'avait dit de prendre. Elle me le confirme, c'est par là. Bingo !::



Vues en montant


C'est par là, bingo... mon sac à dos m'attend en bas de l'escalier. Premier carrefour...
__________________________________________________________________
Ce que j’ignorais c’est qu’il y avait ensuite plusieurs bifurcations, une suite de sentiers pas du tout balisés et déserts, personne à qui demander mon chemin. Je reste confiant. Aux croisements, je prends toujours le plus large des deux, je m,en fais une règle. Quand je me bute à la grille d’une propriété, rare occurrence, je reviens sur mes pas et prends l’autre direction.
C'est où le chemin? Sous les bambous ou par
les tamarins ?

Le temps passant, je commence à m’inquiéter de ne voir aucun panneau d’information. Au bout d'un moment, je vois quelque chose qui pourrait être le gîte, voilà, j’y suis. J’appelle au gîte, que je rejoins. (D’autres essais échoueront plus tard faute d’antenne.) Je parle à M. Bonnard, le gardien-cuisinier du gîte et fonctionnaire de l’État, et je lui dis qu’enfin je crois reconnaître le gîte de l’autre coté de la vallée. Je lui décris rapidement la forme et la couleur de ce que je vois, un interlocuteur pressé à l'autre bout, ne me décourage pas de poursuivre. Je lui dis donc que je serai là dans une vingtaine de minutes. Je reprends la marche, une petite heure se passe à travers une jolie forêt de gros arbres, comme des pins, puis des bambous typiques que l’on ne trouve qu’à la Réunion (je l’apprendrai plus tard). Une petite rivière à traverser. Clic, photo. On me l’avait dit. Vraiment pas mal comme décor. Des arbres en fleur. Je marche. Je réalise de plus en plus que je manque de renseignements précis, la Plaine des Chicots, la Roche écrite. Oui, je me rends à la Plaine des Chicots pour dormir et demain, à la première heure, c’est la Roche écrite, au lever du soleil, où j'aurai toutes les chances d’avoir un ciel dégagé, une vue imprenable sur deux des trois cirques de l’île à la fois. Lesquels ? Probablement Mafate et Salazie car le cirque de Cilaos est plus au sud.
Je traverse le ruisseau dont on m'avait parlé
Un regard dubitatif fixé sur l'horizon

Les «bergers» de Macasie me remettent sur le bon chemin

Tentant de contourner la vallée en prenant toujours à droite, je tombe sur deux, puis trois Créoles blancs. «Est-ce le gîte de la Plaine des Chicots ici ou pas loin ?» Pas du tout. On me dit que je suis à Macasie. Ah bon. On me parle d’Émilie Boyer, qui est de là et qui travaille en pédiatrie au Québec. Le tout dans un français que je peine à comprendre. Conclusion : je n’y suis pas, mais pas du tout. De Macasie à la Plaine des Chicots c’est une douzaine de kilomètres, si j’ai bien compris. Ils se prêtent souriants à une séance de photos. Douze km, c’est pas mal… Ils me parlent de leur temps, du temps des longues marches obligées dans les pistes et par des signes sans équivoque je comprends qu’ils marchaient, travaillaient plutôt, avec des charges sur la tête. Ils témoignent d’un passé qu’ils ont de toute évidence tous vécu.
Les trois de Macasie
Je repars. Là, c’est la route goudronnée, puis la route bétonnée à gauche, puis toujours à gauche sur 800 m ensuite la route goudronnée à gauche et toujours en montant. C’était vrai. J'étais revenu sur la route que je n'aurais jamais dû quitter en descendant du minibus. Sauf que là, le temps passait. En montagne, la nuit vient vite. Je continue de marcher, je croise des petits terrains de pique nique aménagés en pleine nature, il n’y a personne. Je remarque que la pratique malfaisante de vandaliser tout le bien public n’a pas fait de ravages ici. Les tables et les bancs, tout l’aménagement de bois me semblent en bon état, tout à l'honneur des réunionais.
Nouvel appel au gîte après Macasie. Il se fait tard et le ciel est couvert, mais la pluie a cessé. J’ai cinq ou six km de fait depuis Macasie. Je rencontre des gens et leur de,qnde de l'eau. Ils n'en ont pas mais m’offrent une bouteille d’eau vide. Heureusement la fontaine d’eau courante coule là, tout près, on me l'indique. L’alimentation en eau potable est partout ici. Les conduites, la vaste majorité en polyéthylène, ont été passées même dans les endroits les moins accessibles. Faut dire que la protection hivernale étant inutile, il ne reste qu’à vaincre les pentes raides, les ravines et les accidents de terrain, ce qui n’est pas si simple non plus.
La route goudronnée qu'il ne fallait pas quitter
Un terrain de pique nique bien aménagé

Résolu à passer la nuit

Enfin une affiche! Je suis arrivé à mon point de départ, le vrai. Il est 18h. J’ai chaud, je suis encore en état de marcher, je pourrais me rafraîchir et repartir, arriver là-haut la nuit tombée dans deux heures avec de la chance et Dieu sait quand si j’en ai pas. Comme je ne connais pas le sentier et que je redoute maintenant le manque de balises et l'absence de signalisation, je refuse de me lancer. D’ailleurs je commence à marcher deux ou trois petites minutes dans le sentier comme pour me convaincre de la justesse de ma décision, c’est chose faite.

Le départ clairement identifié

Je sais maintenant que du point où je suis, Camp du morne ou quelque chose, ce n’est ni bétonné ni goudronné mais bien un sentier forestier qui mène au gîte. Vive la signalisation. Clic, photo. À l’heure de déposer mon sac et de me cramponner pour la nuit, je suis fixé. La montée, la prochaine car il faut dire qu’on est ici à 1200 mètres d’altitude, se fera au fil d’un sentier traditionnel réunionais, ce type de sentier enraciné dans la vie de l'île et que je découvre peu à peu.

Il y a longtemps que je n’avais passé une nuit au frais dans un endroit où il est en plus interdit de camper. Sous un abri à pique nique, trône un gros foyer en maçonnerie. Je décide m'installer ici. La nuit tombe rapidement. Fontaine à proximité, en bas, à moins de cent mètres. Personne ici. Je me couvre d’eau fraîche. Les pieds c’est bon, et en plus ça soulage des piqures de moustiques. Je lave la table de pique nique qui me servira de lit de camp, je me sers d’une petite éponge laissée là par d’autres passés avant moi. Je fais rapidement l’inventaire de ce que j’ai d’utile et de ce qui me manque, de ces manques qui peuvent faire souffrir. Parti pour une ballade tout compris, je n’ai ni lampe de poche, ni allumettes, rien à manger, même pas un sac de pinottes. J’ai avec moi un tee shirt et une chemise légère, les deux tout neufs et dans leur sac; une chemise trempée de sueur; une paire de claquettes inutiles; un sarong de coton léger; ma casquette. Heureusement j’ai du OFF région sauvage et ma pommade d’hydrocortisone dont je ne me sépare pas. Mes espadrilles et une paire de chaussette, trempés. Un cellulaire avec radio intégrée, youppi, mon appareil photo, mes lunettes.

Surprise. Une voiture arrive lentement avec un vieux couple à bord. Le monsieur âgé descend, fait quelques pas. «Il fait chaud en bas», me dit-il. Il poursuit : «Avant, il y a vingt ans, on ne pouvait venir ici, il n’y avait pas de route». Je lui demande si ce sera froid. «Ah oui, dit-il, c’est froid ici la nuit». La dame ne descendra pas. Ce fut mes seuls visiteurs. Et puis, j’ai vite jugé que ne s’y connaissant que fort peu en matière de froid, ce monsieur avait tort. Ce sera peut-être un peu frisquet, je le concède, mais pas de quoi s’énerver. Sauf que… la nuit, on est plus frileux…

La découverte du feu

Je finis de localiser et de mettre tout proche mes maigres biens. Il fera bientôt nuit d’encre. S’il est arrivé à Jésus de Nazareth de recevoir de l’or, de l’encens et de la Myrrhe en cadeau, mon cadeau à moi, ce fut de découvrir en jouant négligemment dans les cendres grises, n’ayant maintenant rien d’autre à faire, une petite lueur orangée. Cette lueur était si pauvre qu’il ne s’y échappait même plus un petit filet de fumée qui m'aurait fait deviner tout de suite le feu.

Nullement comparable à l’émotion de Robinson Crusoé lorsqu’il remarqua que les traces de pieds sur la plage n’étaient pas les siennes, cette découverte du feu me réjouit considérablement et me permit de passer la nuit dans un confort relatif, ce que je réalisai profondément à mesure que les heures passaient. Non, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. J’ai passé mon temps à entretenir le feu, à sécher les bûches humides sur la grille à saucisses, à alimenter de coté des braises chaudes pour sécher mes espadrilles et mes bas. Changer de position, car je ne savais plus comment me mettre et renoncer à m’étendre sur la table parce que trop froid. J’ai bien aimé observer le ciel du Sud, depuis Camp la Morne, endroit assez éloigné pour que la nuisance de l’éclairage urbain ne joue pas.

Les ombres chinoises

Sur fond de voute céleste, éclairée par les étoiles, se détachait assez nettement le contour sombre de la végétation qui m’apparaissait comme des ombres chinoises mais en plus ciselées, tout en dentelles. C’est là que je pris conscience dans ma solitude volontaire que j’étais entouré de toute une galerie de personnages et d’objets. Lucky Luke, des obélisques de l’Île de Pâques, des centaures en pleine copulation observés par un animal préhistorique, des monstres et plein d’autres personnages qui nourrissaient mon dialogue intérieur. C’est d’ailleurs au beau milieu de la nuit que, mine de rien, les rois mages, Balthazar, Gaspar et Melchior, s’invitèrent dans mon humble mais vaste demeure. J’imagine que, en route pour leur rendez-vous du 25 décembre, ils ont l’habitude de saluer au passage ceux qui dorment dans l’humilité des étables ou dans des lieux de silence qui leur ressemble. Car le silence était profond et en quelque sorte solennel. Peu de bruits de petits animaux, seul de temps en temps un petit coup de brise qui s’annonçait d’avance dans un bruissement de la végétation au loin et qui passait en rafale. Hormis cela, le silence régnait.

De bon matin

C’est à 5h10 précisément que je m’engageai sur la piste avec pour seul objectif la Plaine des Chicots. À cette heure matinale les oiseaux sont très actifs. Les cris et les chants se répondaient au fil des déplacements incessants. Entre autres, le cardinal de la Réunion, qui diffère du nôtre mais lui ressemble, est courant ici. Je crois bien avoir aussi vu le tuit tuit… une attrape pour touriste en mal d’exotisme, pensez-vous, une attrape pour les tuits ? C’est d’abord ce que j’ai cru en entendant ce nom à l’Office de tourisme, mais c’est loin d’être le cas. Le tuit tuit est une espèce protégée qui ne vit que dans les Hauts de Saint-Denis et de la Possession, on mentionnne la Plaine des Chicots et la Plaine d’Affouche comme ses habitats favoris.

Au gîte

Sur place, Monsieur Bonnard, un cafre (noir réunionais, au féminin cafrine…) se fait surprendre avec son balai et son sceau à la main. «Je nettoie et je rentre chez-moi», me dit-il, sèchement, décidé de ne rien changer à l’impression que j’avais conçu. Heureusement, l’homme s’est adouci un peu par la suite. Refusant de me laisser dormir une petite heure ou deux, même après que je lui eu rappelé que le départ devait être au plus tard à dix heures mais pas nécessairement avant.

Peut-on parler d’un bon petit déjeuner français ? Celui que le gardien du gîte me servit efficacement était ordinaire mais bien apprécié puisque je ne m’étais rien mis sous la dent depuis midi la veille. Café ordinaire et trop chaud, lait en poudre, gâteau blanc sec, une demi baguette, biscottes et confitures à la pectine. Peu loquace, enfermé dans sa cuisine, quelques phrases furent néanmoins échangées si bien qu’à la fin il m’indiquât la direction du dortoir. J’avais deviné qu’il fallait l’utiliser en self service. Matelas, couvertures chaudes, un drap, le tout replié au pied du lit, pas d’oreiller. J’ai choisi une paillasse et me suis détendu avec plaisir.

Or, à peine couché, les huit ou neuf qui avaient dormi là revenaient de la Roche écrite, cinq km plus loin et 400 mètres plus haut. Difficile de dormir avec des jeunes qui jouent à Tarzan dans un arbre et le bavardage incesssant de ceux qui se paient une halte avant de finir leur descente. J’appris plus tard que la direction qu’une femme prit avec deux autres était celle de la Plaine d’Affouche, les autres, enfin tous, finirent par m’avoir à l’usure, je compris que c’était peine perdu d’essayer de dormir. Les yeux tout grand ouvert, je résolus de me lever. Je repartis avec le groupe qui descendait du coté d’où j’étais moi-même venu plus tôt, le coté de Brulé, le village le plus proche. Descendre en groupe était d’ailleurs un motif suffisant de me lever. Pour quelqu’un qui n’a pas dormi, mieux vaut jouer de prudence et ne pas descendre en solitaire.

Une descente instructive

Sur le chemin du retour, j’appris que les oiseaux de la Réunion étaient, il y a un temps, presque tous disparus. Les Créoles blancs, ces modestes colons devenus autochtones, installés dans les Hauts, mettaient de la colle sur les branches pour attraper les oiseaux dont ils se nourrissaient, un complément alimentaire nécessaire à cette époque, paraît-il.

J’appris aussi que le tronc des fameuses fougères arborescentes servait autrefois à faire des bacs à fleurs. Un produit local et durable qui résistait bien aux arrosages répétés des plantes qu’il pouvait contenir. Cette pratique est aujourd’hui interdite, question de protéger l’espèce. Autre découverte, le tamarin est un arbre endémique à La Réunion, un gros arbre qui sert en ébinisterie. L’autoroute présentement en construction, qui allégera heureusement le trafic du coté ouest, porte d’ailleurs le nom d’Autoroute des Tamarins. Parmi les exclusivités réunionaises, puisque nous y sommes, il y a aussi le tang, un petit hérisson qui a la particularité d’être incapable de courir, ce qui le rend d’autant plus mignon. On dit qu'il l'est... Il se fait prendre par un oiseau de proie, dont le nom m’échappe, qui serait d'ailleurs son seul prédateur. Des prédateurs, il n’y en a pas beaucoup sur l’Île, hormis le rat qui se nourrit entre autres du tuit tuit, ce qui rend la pratique du plein air ici absolument sécuritaire. Les pistes escarpées et en pente raide, souvent humides, peuvent être dangereuses, mais les beautés renouvelées qu’on y découvre valent amplement l’effort, notamment les vues sur la mer depuis la montagne.

Les sentiers de La Réunion

Mon compagnon de descente, un grand mec dans la petite cinquantaine est accompagné de sa femme qui, elle, se concentre sur un genoux fatigué pendant que lui parle. Natif de la Réunion, il habite Thaïti depuis 25 ans et rend visite à ses parents. Vol Tahiti, la Réunion ? Faut pas y penser. Le voyage se fait normalement par Los Angeles, Paris, puis la Réunion. De l’autre coté c’est possible mais pire… Genre Nouvelle-Zélande, Kuala Lumpur (je pense) et des correspondances impossibles. Excellent projet pour passer la semaine dans les transports, paraît-il.

Bref, tout ceci pour vous dire qu’il n’y a pas de pistes de randonnées à Tahiti comme il y en a tant et de si belles ici. Le phénomène tient à des raisons historiques propres à La Réunion. À l’abolition de l’esclave en 1848, dont on vient de célébrer l’anniversaire le 20 décembre, les Blancs, ceux qu’on appelle aujourd’hui les Créoles blancs par opposition aux métros – métros, les Blancs du continent – sont montés dans les Hauts de l’Île. J’ignore pourquoi mais, dans ces espaces alors peu explorés et inhabités, ils ont vécu en autarcie, d’agriculture, de cueillette principalement. Ce sont eux qui ont ouvert toutes ces pistes en montagne qui, au départ, avaient toute l’importance économique d’un réseau de communication. Aujourd’hui encore, même si ce mode de vie est révolu, mon compagnon de route m’assure que l’on peut encore de nos jours, dans certains coins de l’Île, au cours d’une rendo, se faire doubler par un créole blanc au pas de course transportant sur la tête un sac de ciment de 40 kilos. Tuit tuit ?
Dans ma nuit blanche, je revois le tableau noir de mes ombres chinoises, y avait-il un Créole blanc courant avec une poche de ciment sur la tête ? Attendez que je me rappelle…

Une belle excursion

L’excursion qui commence en prenant l’autobus municipal depuis le centre-ville bigarré de Saint-Denis et qui se termine à la Plaine des Chicots ou à la Roche écrite est une belle aventure. Il faut partir le matin. Il ne faut pas s’aventurer dans les raccourcis non balisés, au risque de se perdre, comme me l’a finalement dit le gardien du gîte. Il faut plutôt, une fois sorti du minibus, continuer sur la route goudronnée, en montant et en suivant les quelques indications pour arriver au point de départ de la randonnée en montagne. Le long de la route, il y a plusieurs endroits aménagés pour piqueniquer. La randonnée proprement dite se fait entièrement dans le Parc national de l’Île. Les marches sont hautes, c’est parfois boueux, parfois glissant mais très praticable si on est prêt à y mettre l’effort. C’est beau tout le long. Le climat et la végétation changent en cours de route, ce qui ajoute à l'attrait. Pour la Roche écrite, attendez que j’y retourne pour la suite.

Gilles Verrier
Petit récit de presque Noël
Le 25 décembre 2008

1 commentaire:

helene a dit…

C'est un plaisir de te suivre dans le fabuleux voyage qui semble être bénéfique à ta vie personnelle. Les photos les tableaux que tu as su croquer avec une touche magique sont si touchant qu'ils nous envahissent. Souvent les photographes sont si obséquieux qu'ils nous offrent des clichés manquant d'authenticité tandis que toi c'est prise instantannée.